Trouver une activité sur Internet n’est pas hors de portée du commun des mortels, contrairement…
Le Travail en ligne s’ouvre aux Haïtiens
Depuis plusieurs années, les jeunes et les professionnels quittent Haïti, principalement pour des raisons économiques. De leur côté, de nombreux Indiens et Bangladais restent chez eux et tirent profit du freelancing, qui est une véritable opportunité de travail. Cet article traite de l’offre et de la demande de contrats sur ce marché, et montre que les Haïtiens peuvent, eux aussi, en bénéficier.
Les médias haïtiens évoquent moins souvent le thème de l’emploi que celui du taux de change ou de l’inflation. Pourtant, il demeure une préoccupation importante de la population, dont il est un indicateur du niveau de bien-être. D’ailleurs, le départ des jeunes haïtiens pour le Chili est souvent justifié par le manque de travail en Haïti. De même pour les professionnels, qui partent pour des pays occidentaux comme le Canada. Et pourtant, grâce à l’internet, beaucoup de gens sont désormais capables de travailler pour des employeurs situés dans d’autres pays, sans avoir besoin de se déplacer. De telles opportunités sont-elles accessibles aux haïtiens ?
Le freelance est, à l’image d’un consultant, un travailleur indépendant qui intervient le plus souvent sur une mission précise. Cette activité connaît un nouvel élan avec le freelancing en ligne. Il s’agit d’un marché, géré par des plateformes qui permettent à des entreprises ou des particuliers de proposer des contrats de travail, ils deviennent donc des employeurs. Sur ces mêmes plateformes, des professionnels individuels ou des entreprises de service recherchent quant à eux des contrats : ce sont des demandeurs.
En général, sur une plateforme de freelancing, l’employeur ne recherche pas un collaborateur avec lequel il aura un contact en face-à-face. Inversement, lorsqu’un demandeur obtient un contrat, il ne se rend pas nécessairement dans l’entreprise ou chez le particulier qui l’a engagé. Les travaux sont généralement réalisés à distance, et transmis en ligne. C’est pourquoi, sur une plateforme de freelancing, des employeurs et des demandeurs qui résident dans des pays différents arrivent à collaborer.
Les pays qui présentent les effectifs les plus élevés de demandeurs à la recherche de contrats sur ces plateformes sont l’Inde, le Bangladesh, le Pakistan, les Etats-Unis, le Royaume Uni et les Philippines. Ces six pays représentent 73,79% de la demande de contrats en freelance. Le nombre de demandeurs originaires d’Haïti est si faible qu’il est à peine représentatif.
Les Haïtiens peuvent-ils tout de même profiter de ce marché du travail en freelance ?
Le marché est ouvert à tous, mais certains tests peuvent être demandés pour vérifier les compétences revendiquées par le freelance. L’inscription sur les plateformes est généralement gratuite, mais dans ce cas la plateforme prend une commission prélevée sur le paiement que reçoit le professionnel. Une fois inscrit, le freelance a accès aux offres de contrats et peut y répondre en soumettant des propositions. Il existe déjà sur ce marché une demande de contrats venant de professionnels haïtiens, principalement des informaticiens. De fait, selon les données réunies par l’Université d’Oxford, la totalité les demandes de contrats des freelances d’Haïti se trouve dans la catégorie Technologie et Développement de Logiciels. En analysant les domaines pour lesquels une offre de contrats existe, on constate qu’il y a des opportunités pour d’autres professionnels d’Haïti. En outre, certaines offres, comme la saisie de données, n’exigent pas de nombreuses compétences.
Parce qu’il est ouvert à tous, le marché du freelancing est très concurrentiel, y compris pour les travaux qui exigent des compétences techniques. Pour certains travaux, les employeurs sont très sélectifs, recherchant des profils expérimentés et certifiés. Les offres peuvent provenir d’étudiants aussi bien que d’institutions publiques ou privées. C’est pourquoi les salaires proposés varient en fonction de l’ampleur du travail à réaliser et du profil de celui qui propose le contrat.
La langue constitue aussi un élément important à prendre en compte par les Haïtiens qui veulent travailler en freelance. La principale langue de ce marché est l’anglais. Parmi les employeurs principaux, seuls le Canada et la France sont francophones. C’est ce que révèle l’étude des plateformes menée par le projet iLabor de l’Université d’Oxford, étant précisé que les professionnels canadiens francophones utilisent également l’anglais. Les employeurs de pays non anglophones postent généralement des offres en anglais, afin d’augmenter leurs chances de trouver les meilleurs profils. Ils évitent ainsi de se limiter à un petit groupe de professionnels.
Le marché du freelancing est ouvert aux Haïtiens, comme c’est le cas pour les Indiens et les Bangladais, qui en profitent depuis des années. Cependant, étant un marché où la demande est très élevée par rapport à l’offre de contrats, le freelance se doit de mettre continuellement à jour ses compétences. D’ailleurs, l’enquête de l’année 2017 de Upwork and Freelancers Union révèle que les freelances sont plus enclins que les autres travailleurs à faire évoluer leurs connaissances. Oui, le marché du travail en freelance est ouvert à tous, y compris aux Haïtiens. Mais celui qui veut y réussir doit consacrer du temps et un peu de ses revenus pour se former.
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